100 ans (et plus)
En 2020, la Ligue Braille célébrait son centenaire. Pas de chance, l’épidémie de Covid 19 a quelque peu compromis les festivités. 2022 s’achève. Nous avons (enfin) pu célébrer cet anniversaire, fin novembre. En toute insouciance. L’occasion, pour nos bénéficiaires de swinguer comme dans les années folles !
La Ligue Braille a plus de 100 ans, désormais. Nous avions très envie de partager cette histoire avec vous, grâce à un trésor : notre photothèque ! Le week-end, nous partagerons ici nos précieux clichés, des années 20 à nos jours. Pour remonter, ensemble, la ligne du temps de l’ASBL, l’histoire de notre pays et l’évolution de l’accompagnement des personnes aveugles et malvoyantes, sur le chemin de l’indépendance.
La création de la Ligue Braille – 1920
Nous sommes après la Première Guerre Mondiale. Deux femmes, Elisa Michiels (à droite sur la photo) et Lambertine Bonjean, toutes les deux aveugles, décident de créer une bibliothèque pour aveugles, en transcrivant les livres en braille. Pour ce faire, des bénévoles apprennent le braille et la Bibliothèque bruxelloise, voit le jour au 45 de la rue de Loxum, en plein cœur de Bruxelles. En février 1920, ce petit comité devient « la Ligue Braille nationale pour le bien des aveugles ». L’ASBL sera constituée en 1922 et les statuts publiés officiellement le 22 septembre 1922.
En 1921, Lambertine Bonjean rencontre Cécile Drouard (photo) à un Congrès international pour l’amélioration du sort des aveugles à Bruxelles. Cécile est une artiste-peintre très prisée lorsqu’elle perd la vue dans un accident. Elle a alors 33 ans, se réoriente dans l’écriture, la sculpture, la musique et devient membre très active de la Ligue Braille. En 1926, elle en devient la nouvelle présidente.
Elisa Michiels, la co-fondatrice, avait mis l’accent sur la réinsertion professionnelle des personnes aveugles, Cécile Drouard, elle, insistera sur la culture. Sous son impulsion, la Ligue Braille se dotera notamment d’une salle de concerts. Un essor fabuleux, jusqu’à la grande crise économique de 1929…
Poursuivons l’effeuillage de notre album photo plus que centenaire !
Le week-end dernier, nous faisions la connaissance d’Elisa Michiels et Lambertine Bonjean, les deux jeunes femmes aveugles qui ont fondé la Ligue Braille en 1920. Leur ambition ? Venir en aide à toutes les personnes aveugles et malvoyantes.
Leur action débute avec la création d’un bibliothèque braille. La Ligue propose ensuite des formations professionnelles aux personnes aveugles, puis des activités culturelles grâce à la présidente et artiste Cécile Douard (au centre de la photo. A sa droite, Gérard Borré qui deviendra président en 1940). La Ligue Braille tourne à plein régime quand éclate la crise économique de 1929. Dans l’impasse financière, l’ASBL se réinvente : elle vend exceptionnellement de petits objets fabriqués dans ses ateliers. En 1931, une œuvre américaine lui offre le matériel nécessaire à l’impression de documents en Braille, ce qui donnera naissance à l’Imprimerie nationale des aveugles belges, à l’œuvre pendant plus de 50 ans.
1936, année de grandes mutations : les acquis sociaux succèdent aux grandes grèves. Les bouleversements sont profonds dans tout le pays, à la Ligue Braille aussi. En 1937, elle se dote d’un service social et recrute des « auxiliaires sociaux » (photos), chargés d’accompagner les personnes aveugles et malvoyantes dans leur vie quotidienne. Ils se chargent aussi des démarches nécessaires pour obtenir les avantages sociaux, tandis que le « Service de document et de propagande » fait du lobbying auprès des pouvoirs publics. Jusqu’à ce que la guerre éclate…
A l’occasion de son centenaire, la Ligue Braille partage ses pépites sur ses réseaux ! Nous publions nos plus éloquentes photos d’archive chaque week-end, pour vous raconter ces plus de 100 ans d’existence. Cette fois, nous faisons étape dans les années 40.
10 mai 1940 : l’Allemagne nazie envahit la Belgique. La Ligue Braille poursuit ses activités à Bruxelles et les déploie ! Une antenne est créée à Gand en 1942, puis Charleroi et Anvers en 1943. C’est à ce moment que le magazine « Canne Blanche /Witte Stock » commence à paraître. Dans les sections locales et à Bruxelles, les auxiliaires sociales continuent de visiter les bénéficiaires, mais aident aussi à faire face à la misère de la guerre en distribuant (grâce à la générosité des donateurs), des médicaments, du charbon et de la nourriture. Elle organise aussi des « goûters du jeudi ».
1944, la guerre va s’achever, l’hiver est particulièrement rude. Le nombre de bénéficiaires frôle les 10.000 La Ligue Braille demande (en vain) à l’Etat d’intervenir. En revanche, elle obtient en 1947 la gratuité de la carte de transport pour les aveugles et malvoyants bruxellois.
1947 : Les activités de la Ligue Braille reprennent leur vitesse de croisière. L’ASBL convainc les Ateliers de construction électriques de Charleroi d’engager des ouvriers aveugles. Elle étoffe aussi ses formations et propose à ses bénéficiaires de devenir téléphoniste ou sténodactylo. Cette année aussi, la Ligue Braille reprend la gestion de l’œuvre belge du chien-guide. 32 chiens seront attribués l’année suivante.
En 2020, la Ligue Braille devait célébrer son centenaire, mais l’épidémie de Covid 19 a annulé les réjouissances. Suite de notre plongeon dans le passé. Ce week-end, nos archives nous remémorent les années 50.
En 1951, la Ligue Braille lance sa Grande Tombola annuelle qui remplacera les collectes. La décennie à peine entamée débute avec une visite royale. La Reine Elisabeth inaugure la nouvelle Bibliothèque de la Ligue Braille. Elle y fait la connaissance du « Quatuor Ligue Braille » récemment créé. 3 des 4 musiciens sont non ou malvoyants. Ils se produisent à l’Institut National de Radiodiffusion (INR) et au Palais des Beaux-Arts. La Reine, mélomane et violoniste de talent les invitera, à plusieurs reprises, à se produire au château du Stuyvenbergh.
En 1953 la Reine Elisabeth visite à nouveau la Ligue Braille. A cette occasion, elle rend permanent le Haut patronage accordé dès les débuts de l’ASBL. Un soutien royal qui se poursuivra dès 1966 avec la Reine Fabiola, puis la reine Mathilde, en 2015.
En plus d’un quatuor à cordes, les années 50 voient la création d’un véritable studio d’enregistrement. En 1955 publie le premier « livre parlé » sur bande magnétique. Comme aujourd’hui, les bénévoles se relaient en cabine pour enregistrer les histoires qui seront ensuite écoutées par les bénéficiaires. 1958, la Ligue Braille participe à l’Expo Universelle et consacre son stand à l’intégration socioprofessionnelle des personnes aveugles et malvoyantes. Alors qu’arrivent les Golden Sixties …
Poursuivons la redécouverte de nos archives plus que centenaires. Plongée dans l’histoire de la Ligue Braille, étape dans les fastes années 60 !
Le week-end dernier, nous avons vu que la Ligue Braille avait participé à l’Exposition Universelle de 1958, en mettant l’accent sur l’intégration socioprofessionnelle des personnes aveugles et malvoyantes. Cette mission sera portée plus encore dans les Golden Sixties. En 1961, la Ligue Braille se dote d’un Service d’orientation et de réadaptation professionnelle qui deviendra un véritable département en 1969. Durant cette période, la Ligue Braille forme des téléphonistes, des dactylos et aide les étudiants à s’orienter.
La Ligue Braille dispense également des « cours ménagers » de réadaptation à la vie quotidienne. Ces cours sont donnés dans tout le pays, par des professeurs parfois eux-mêmes déficients visuels. Ils enseignent également l’économie domestique, les soins et le maniement de la canne blanche. Des leçons partiellement subsidiées par les ministères de l’Education nationale et de la culture. Ce qui ne va pas durer. La crise économique des années 70 va sérieusement rebattre les cartes…
Les années 60 sont aussi celles de l’avènement des magazines et des revues ! La Ligue Braille en édite deux depuis 1942 : Canne Blanche et Witte Stock. Dans les années 60, ils sont distribués tous les mois et tirés à près de 14.500 exemplaires. Aujourd’hui, ce sont des trimestriels, tirés à près de 25.000 exemplaires.
Les années 70 furent une décennie marquée par les chocs pétroliers, la crise économique et la première réforme de l’état, débouchant sur la création des trois régions et deux communautés culturelles qui deviendront communautés à part entière dans les années 80.
Durant cette décennie, la Ligue Braille poursuit ses missions de formation (notamment de téléphonistes) alors qu’elle perd progressivement une grande partie de ses subsides publics, mais aussi la moitié de sa Bibliothèque.
Car conformément aux nouvelles dispositions du Ministère de la Culture de la Communauté flamande, la « Vlaamse Bibliotheek van de Brailleliga », la bibliothèque flamande de la Ligue Braille se constitue en ASBL indépendante et quitte le siège bruxellois de la Ligue Braille.
La Bibliothèque francophone reste à demeure et poursuit sa mission de prêt de livres en braille, mais aussi de livres audio, dont le succès s’amorce en 1975. Ils sont alors enregistrés sur des cassettes.
Poursuivons l’effeuillage de notre album photo plus que centenaire ! Cap sur les années 90 !
Les années ’90 voient aussi la naissance des premiers « Clubs Braille », financés par les recettes de la tombola et les dons de la société Citroën Belux. Ces clubs réunissent, dans plusieurs villes du pays, les personnes aveugles et malvoyantes autour d’activités de loisirs créatifs.
La semaine dernière nous avons refermé l’album photo du centenaire de la Ligue Braille. Il est temps d’entamer celui du bicentenaire. Il débute en 2020, une année que personne n’oubliera de sitôt.
Mars 2020. La Ligue Braille se prépare à célébrer son centenaire. L’année s’annonce faste et festive, ponctuée de rendez-vous qui seront malheureusement annulés ou reportés à cause de la pandémie de COVID19. 23 mars 2020, les bureaux de la Ligue Braille ferment sur décision des autorités, mais les collaborateurs restent à la barre, en télétravail. Ils s’adaptent et cassent les codes pour éviter que les bénéficiaires soient livrés à eux-mêmes. Le Café Braille, les ateliers, tables de conversation, etc., s’organisent en virtuel. En octobre, le salon BrailleTech est annulé. Il sera proposé en hybride en 2021. Salon qui devient incontournable étant donné l’importance des nouvelles technologies en pleine crise. Le Service d’information sur les adaptations techniques (SIAT) et le Dienst begeleiding en hulp in het dagelijkse leven (DBH) ont fait face à une demande croissante pour apprendre à se servir des outils numériques. Et ils ont relevé le défi !
Le projet « Basse Vision », lancé en 2019 en partenariat avec la firme Ergra Engelen, entre en phase de test en 2020. Le personnel de terrain de la Ligue suit une formation à la basse vision. En 2020, la Ligue Braille devient également le distributeur officiel pour la Belgique du concept LEGO Braille Bricks, une méthodologie basée sur le célèbre jeu de construction pour apprendre le braille aux enfants aveugles ou malvoyants.
Plusieurs nouveautés qui étaient attendues en 2020 sont reportées à 2021 ou 2022. La première « Journée des Familles » organisée pour les enfants et ados aveugles et malvoyants, mais aussi leurs frères, sœurs et leurs parents. Proposée à la Tricoterie de Bruxelles, cette première a attiré une centaine de participants. Autres nouveautés, le Technologiekamp avec le soutien de la VRT et de « De Warmste Week » et le projet « Répit » : un stage proposé un an sur 2 aux familles d’un enfant aveugle ou malvoyant. L’occasion de se retrouver mais aussi d’échanger avec d’autres familles et des professionnels de la déficience visuelle.
La Ligue Braille soutient la recherche scientifique depuis 2006. En 2020, dans le cadre de son centenaire, elle décide de renforcer ce soutien financier. Elle offrira désormais 120 000 euros, tous les deux ans, à un projet de recherche. Premier lauréat, BEGONIA, un projet de détection et diagnostic du glaucome via l'intelligence artificielle, développé par plusieurs hôpitaux belges.
2022, toujours, la Ligue Braille poursuit sa mission de sensibilisation au handicap visuel et part en tournée estivale dans les 3 régions du pays avec l ’« Escape Room in the dark », un jeu d’énigmes immersif qui met le joueur dans la peau d’une personne malvoyante. Un chrono, des énigmes à résoudre dans la pénombre et avec les outils dont disposent les personnes déficientes visuelles. Jeu de retour en mars 2023 à la Foire du Livre de Bruxelles !
En 2023, il y aura aussi les 20km de Bruxelles, la Semaine de la Ligue Braille, le BrailleTech, de nombreux salons, stages, la tombola, les évènements, etc. Et toujours, la même ambition pour ces 100 prochaines années : accompagner les personnes aveugles et malvoyantes sur le chemin de l’autonomie.