Pour atteindre cet objectif, ils ont franchi le pas de s’inscrire à l’une des formations professionnelles adaptées à la déficience visuelle dispensées par la Ligue Braille. Il en existe de différents types : les formations de base, pour acquérir les compétences élémentaires en français, en calcul et/ou en braille ; deux formations qualifiantes, pour devenir agent d’accueil ou employé administratif ; ainsi que des formations continuées, pour se maintenir à l’emploi. Ces formations les préparent à remplir efficacement leurs futures fonctions et à se servir du matériel adapté au handicap visuel (vidéo- loupes, barrettes braille, synthèses vocales…). De plus, l’association est toujours prête à fournir gratuitement son expertise à ses futurs diplômés ainsi qu’aux employeurs qui les engageront (conseils pour les entretiens d’embauche, les démarches administratives et les aides financières ; adaptation du poste de travail ; cours de locomotion ; sensibilisation...).
Christelle Magniette est responsable des Services emploi et formation de la Ligue Braille. Elle nous en dit plus sur les services proposés par l’association, et plus particulièrement sur l’importance d’un accompagnement adapté.
Quelles sont les principales tâches des Services emploi et formation de la Ligue Braille ?
Les Services emploi et formation de la Ligue Braille accompagnent les personnes aveugles et malvoyantes tout au long de leur vie professionnelle, c’est-à-dire depuis le moment du choix de l’orientation, jusqu’à la retraite, en passant par les études, la recherche d’un emploi, le maintien à l’emploi, la carrière et la reprise éventuelle de formation(s). Les tâches sont diverses puisqu’elles s’adaptent aux besoins des personnes que nous accompagnons. Soutenir nos bénéficiaires, les aider à atteindre leurs objectifs en matière de formation ou d’emploi, conseiller les intervenants (enseignants, employeurs), sensibiliser, sont les principales missions de nos services.
Quelle est la valeur ajoutée de vos services pour une personne handicapée visuelle qui rencontre des difficultés sur le marché du travail ?
Définir un projet professionnel compatible au handicap visuel, régler les questions relatives à la mobilité, surmonter les préjugés des employeurs, oser parler de son handicap à son conseiller emploi, voilà autant de difficultés que doit surmonter la personne aveugle ou malvoyante qui, souvent, n’ose pas faire le pas et signaler son handicap quand il n’est pas détectable, vu de l’extérieur.
Nos conseillers en insertion professionnelle étant sensibilisés et formés à la déficience visuelle, celle-ci est prise en compte et mise à sa juste place. À la Ligue Braille, le chercheur d’emploi sait que ses difficultés spécifiques sont connues. Il pourra discuter plus librement de ses attentes professionnelles sans craindre une stigmatisation.
Quels préjugés ou discriminations vous sont le plus souvent rapportés ?
Une personne malvoyante relatera davantage des comportements de non reconnaissance du handicap tandis que dans le cas d’une personne en cécité totale, il s’agira encore trop souvent d’une non reconnaissance des compétences. Que ce soit la jalousie des collègues pour une lampe de bureau vue comme un privilège ou la réticence de l’employeur à confier des tâches intéressantes, c’est la méconnaissance de la déficience visuelle qui conduit à ce type de réactions.
En quoi le Centre de formation professionnelle (CFP) de la Ligue Braille diffère-t-il des autres centres de formation ?
Tout d’abord, notre centre de formation dispose du matériel adapté indispensable à l’apprentissage et nos formateurs s’adaptent aux besoins spécifiques de chaque stagiaire. Il s’agit d’une petite structure dans laquelle le stagiaire peut évoluer à son rythme dans une ambiance familiale et bienveillante. Nous accueillons également les travailleurs qui pourront acquérir les outils indispensables pour booster leurs compétences.
Dans quelle mesure les services proposés par la Ligue Braille sont-ils nécessaires selon vous?
Nos services collaborent étroitement entre eux avec l’objectif commun de favoriser l’autonomie. Par exemple, il est fréquent que nous fassions appel au Service accompagnement pour permettre à nos bénéficiaires d’acquérir l’indépendance indispensable dans leurs déplacements professionnels.
Pouvez-vous décrire le type de question ou de problème que vos services rencontrent le plus souvent ?
Une des grandes difficultés fréquemment rencontrées est l’incompatibilité entre certains programmes informatiques internes aux entreprises et les logiciels spécifiques à la déficience visuelle. D’un point de vue humain, le challenge est de faire tomber les préjugés et les croyances limitantes.
Qu’avez-vous envie de dire aux employeurs qui se trouvent face à un travailleur ou à un candidat aveugle ou malvoyant ?
Que les services de la Ligue Braille sont disponibles pour les conseiller et mettre en place des solutions sur mesure, grâce à une approche multidisciplinaire et à de nombreuses années d’expérience.
Et puis, employer une personne handicapée peut être une véritable valeur ajoutée pour l'entreprise. C'est une magnifique aventure humaine qui se profile.
Quels postes décrochent vos anciens stagiaires ? Quels sont les débouchés ?
Le CFP propose actuellement deux formations qualifiantes dans le domaine administratif : agent d’accueil et employé administratif. Notre service d’insertion professionnelle accompagne quant à lui les chercheurs d’emploi et les travailleurs dans tous les secteurs d’activités.
Quel est le pourcentage des personnes qui trouvent un emploi après avoir été soutenues par la Ligue Braille ?
J’aimerais pouvoir répondre qu’il est de 100 % mais la réalité est moins rose. Les personnes qui s’adressent en général à notre service d’insertion professionnelle le font souvent après plusieurs échecs ou expériences professionnelles difficiles. Notre travail consiste à les aider à mettre toutes les chances de leur côté pour trouver un emploi ou le conserver. Et heureusement, certains finissent par décrocher un job et ainsi gagner en autonomie. Comme le dit si bien le témoin de notre campagne, il ne faut « surtout pas baisser les bras en cas de réponse négative ». Il suffit d’une seule porte qui s’ouvre.