Changer le regard sur le handicap visuel

À côté des services offerts aux personnes aveugles et malvoyantes, une des autres missions de la Ligue Braille est la sensibilisation du grand public au handicap visuel. Dans cette optique, nous organisons des visites animées par des volontaires destinées aux écoles, associations de jeunesse, groupe de seniors,… 

Nos animateurs abordent de manière ludique et interactive les difficultés rencontrées par les personnes aveugles et malvoyantes et les solutions qui existent pour les surmonter : comment se déplacer, cuisiner, assortir ses vêtements, lire et écrire, poursuivre des études, travailler, jouer,… Les visiteurs ont la possibilité de s’immerger dans l’univers des personnes ayant une déficience visuelle en se déplaçant les yeux bandés et munis d’une canne blanche. Ils peuvent aussi en savoir plus sur le braille et son inventeur en visitant notre musée dédié à cette thématique.

Michèle Croonenberghs fait partie de ces volontaires qui, depuis plus de 10 ans, accueille avec enthousiasme les visiteurs de tous âges. Nous l’avons rencontrée. 

Michèle Croonenberghs

Comment êtes-vous devenue animatriceguide volontaire à la Ligue Braille ?
« En 2007, je me suis inscrite comme volontaire pour animer les visites guidées suite à une annonce parue dans La Canne Blanche. Étant moi-même malvoyante, j’avais à cœur de transmettre mon témoignage et de parler des services offerts par la Ligue Braille, dont je profite également. »

Que vous apporte cette activité ? 
« J’aime beaucoup les contacts. Les groupes que nous recevons ont des profils et des âges différents, ce qui est très enrichissant. Il y a aussi la satisfaction d’avoir transmis quelque chose d’important, le groupe repart mieux informé et sensibilisé. Parfois, on voit tout de suite les manifestations d’intérêt : les enfants sont impatients de faire le parcours, d’écrire leur prénom en braille, ils posent des questions pour mieux comprendre. »

Avez-vous observé des changements au fil des ans ? 
« Les visites se sont davantage professionnalisées. Nous avons un local dévolu à cette activité. Aussi, j’ai l’impression que les groupes sont plus curieux qu’avant, qu’ils ne viennent pas pour passer le temps. Cette activité est mieux connue et donc, nous accueillons plus de groupes qu’auparavant. »

Une anecdote ? 
« Oui, un jour, lors de la visite d’une classe de primaire, petit drame à l’accueil… Un des gamins pleurait et refusait d’entrer à la Ligue Braille. L’inconnu, le handicap, ça lui faisait peur. L’institutrice a finalement réussi à le convaincre d’entrer, même si ce fut avec beaucoup d’appréhension. Au fil de la visite, il s’est rendu compte que je n’étais pas si différente (et avec moi, chaque personne handicapée de la vue) et il se sentait de plus en plus à l’aise. À la fin de la visite, il est venu vers moi et il m’a embrassée. Là, c’était à mon tour d’avoir les larmes aux yeux, mais des larmes de joie ! »

Lysiane Louvel a rejoint l’équipe de volontaires en avril de cette année. Lorsque nous lui avons parlé des différentes possibilités de volontariat au sein de l’association, elle a été séduite par cette activité. Elle a participé à quelques visites animées par d’autres bénévoles pour se familiariser à la formule et au contenu.

Lysiane Louvel
Comment avez-vous connu la Ligue Braille ? 
« Je connais depuis longtemps la Ligue Braille et plus particulièrement le fait que des bénévoles viennent enregistrer des livres pour les personnes qui ont des problèmes de vue. »

Pourquoi avez-vous choisi cette activité ? 
« Je trouve important de sensibiliser les gens à la différence en valorisant les potentialités des personnes qui ne voient pas. Je les considère comme de véritables héros qui vivent normalement et je souhaite partager l’admiration que je leur porte. »

Quelles sont vos premières impressions ? 
« J’ai assisté à des animations de groupes d’enfants et je constate qu’elles sont bien utiles. Il y a beaucoup de travail à faire pour changer le regard sur le handicap. Je trouve que le film montré aux enfants ainsi que le parcours les yeux bandés ou avec des lunettes simulant les pathologies leur permettent d’avoir une illustration concrète de ce qu’est la déficience visuelle. »

Pas de visite sans un bon planning! Pour que les visites se déroulent dans de bonnes conditions, une bonne organisation en amont est nécessaire. Nous avons confié cette tâche de planification à Marie-Rose Vanderpoorten.
 
Marie-Rose Vanderpoorten

Quelle est votre mission précise? 
« Je réponds aux mails reçus en récoltant toutes les informations nécessaires au bon déroulement de l’activité. Je trouve un accord avec le groupe pour la date et l’heure, vérifie que le local est libre et puis, il faut contacter les guides ! »

« Je m’occupe de la gestion du planning depuis fin 2015 à raison d’un jour par semaine. Je suis aussi chargée de la gestion des BrailleBox (valises pédagogiques de sensibilisation) qui peuvent être empruntées gratuitement. Nous en avons une dans chaque antenne régionale et donc, il faut jongler avec beaucoup d’agendas ! »

Un chaleureux merci à ces volontaires qui contribuent à démystifier le handicap et à bâtir une société plus inclusive.

(Uit : La Canne Blanche - numéro 3 2018)